Préambule

Le collectionneur de rêves est médecin psychanalyste : Docteur H. Son parcours l’a conduit vers plusieurs formes de médecine : du travail, généraliste, médecin d’évacuation sanitaire (air), gastro-entérologue qualifié, puis médecin psychanalyste hospitalier et libéral.

Collectionner les rêves – ceux que l’on fait en dormant – implique un certain état d’esprit qui s’élabore à partir de l’expérience et d’un intérêt pour la recherche : la cueillette des rêves transforme le flâneur. Elle unit le constat et la poétique, la lettre et l’image, la collusion des univers. Le flâneur assiste à la construction et la déconstruction de son propre univers. La poussière de ses désirs pourra peut-être être semée par un autre curieux.

La gastro-entérologie, les évacuations sanitaires aériennes, s’inscrivent pour être efficaces dans des procédures strictes. Ces procédures affaiblissent la relation avec l’humain. La médecine générale est envahie par les procédures « papier ». La relation d’humain à humain s’efface dans tous les domaines. La médecine psycho-somatique semblait à la fois la plus ouverte sur la relation inter-individuelle.

Acquérir une ouverture sur l’inconscient et la relation avec l’Autre passait par entreprendre une psychanalyse, ce qui fut réalisé. Un cortège très riche de rencontres avec des personnalités hyper-compétentes accompagna la démarche analytique « freudienne ».
L’engagement parallèle dans la médecine psycho-somatique était naturel. La médecine psycho-somatique sombra avec la découverte de l’hélicobacter dans les ulcus gastroduodénaux. Aujourd’hui, personne ne conteste leur origine microbienne. La rectocolite hémorragique s’approche aujourd’hui exclusivement sur le plan somatique. Le naufrage de la médecine psycho-somatique fut douloureux et très enrichissant. La notion de terrain psychosomatique, de terrain névrotique, psychotique, se précisa grâce – entre autres – à la découverte de la pensée opératoire : « Fain, Marty, David ». Cette pensée « qui double et illustre l’action sans vraiment la signifier » est le socle de la notion de terrains psychologiques. Le terrain psychosomatique – et exclusivement le terrain – surnagea.
La ruine de la médecine psychosomatique eu des conséquences dépressives sur Docteur H. qui avait totalement investi cette discipline. Une rupture avec ses maîtres et leurs qualités, constitua un lourd deuil.
Il lui fallut aussi s’éloigner de tout ceux – très souvent de bonne foi – qui restèrent enclavés dans des certitudes dépassées. Ceux qui croient encore à une relation directe entre tel symptôme et tel incident psychologique restent nombreux. Une pensée magique les habite.
Alors : désinvestissement, solitude, tristesse, autocritique, pesèrent sur l’orientation à donner à une recherche qui avait du mal à se formuler. Comment s’en sortir ?

L’outil analytique avec l’apprentissage de l’écoute constituèrent l’édifice d’un nouveau départ. Rêvant peu, Docteur H. aimait les rêves des autres. Cueillis d’abord, ils furent collectionnés ensuite. Les maladresses informatiques déposèrent les rêves collectés dans des cases inappropriées. Une surprise naquit alors : les rêves se parlaient, vivaient, leurs intrications constituèrent un tissus sur lequel il pouvait saisir l’éphémère de leur existence, les accoupler à Saint Augustin, Rilke, Mohammed, Jésus Christ… Prévert, Rimbaud… à l’infini de la poétique.

 

Ces rêves trouvent dans le regard des poètes leur réflexion, et leur écho dans l’écoute des penseurs. Sur le tissus des rêves, quelques émergences redondantes constituèrent des archipels, regroupant des thèmes préoccupants chacun d’entre nous :

  • un double nous habite-t-il ?
  • pourquoi rencontrer des rêves de passages  ?
  • comment interpréter les similarités rencontrées à propos du temps, de la lumière, de l’uniformité ?
  • s’interroger sur la rencontre du sacré et du diabolique ?
  • ainsi que de curieuses étrangetés…

Le collectionneur de rêves voulait fixer l’éphémère de la poésie de ces derniers, ainsi que des associations d’idées développées par des patients. Le réceptacle de cette pensée est donc ce blog, dans lequel Docteur H. tente d’illustrer la poétique de certains rêves, qui se trouve souvent dépassée par leurs similarités chez différents patients.